Ma photographie est avant tout un espace d’expérimentation, où chaque série devient un laboratoire visuel pour explorer les tensions entre réel et fiction, entre observation documentaire et récit imaginaire. Influencé par la rigueur d’August Sander, l’intensité psychologique de Rineke Dijkstra et l’ambiguïté théâtrale d’Alex Majoli, je conçois des images qui interrogent la frontière entre représentation et interprétation.​

Mon approche combine la technique du portrait documentaire, l’attention au contexte social et l’exploration du sensible ; elle s’enrichit de la dramaturgie lumineuse et narrative des grands peintres – de Georges de La Tour ou Le Caravage à Rembrandt, en passant par l’imaginaire foisonnant de Jérôme Bosch et la profondeur des paysages de Joachim Patinier. J’aime convoquer le langage pictural dans mes photographies pour créer des tableaux où chaque scène devient symbole, fragment de mémoire collective ou énigme poétique.

Mes projets explorent les multiples facettes de la condition humaine, oscillant entre observation documentaire et regard poétique. Street Food Project s’attache à révéler la diversité des cultures urbaines à travers les acteurs anonymes de la nourriture de rue, portraiturant avec sensibilité ces mangeurs qui incarnent un patrimoine vivant et changeant. Plastic Dream pénètre quant à lui une réalité méconnue, celle du « repassage des seins » au Cameroun, où se jouent des tensions complexes entre féminité, contrôle corporel et héritages culturels, mêlant blessures et protections, présence et effacement.

Plaisir & Douleur saisit la dialectique intime et universelle entre extase et souffrance à travers des figures humaines engagées dans leur quête de dépassement, tandis que le Grand Projet KiPOZ, mon alter ego GPK, s’aventure dans des territoires mystiques et symboliques, inspirés par le tarot, l’alchimie et la peinture d’histoire, donnant corps à des images où chaque détail invite à une lecture profonde et personnelle.

La lumière – naturelle ou artificielle – s’invite comme matière première dans la construction de chaque tableau photographique, toujours au service de la narration et du déploiement d’une tension expressive. Chaque série s’affirme comme un lieu de recherche, un dispositif pour questionner le statut de l’image : archive sociale, trace intime ou espace de fiction. Ainsi, ma démarche s’attache à brouiller les frontières entre documentaire et pictural, à déplacer le regard du spectateur, et à interroger avec passion notre monde et ses mythes, guidé autant par la rigueur documentaire que par la liberté du fantasme et de l’imaginaire.